Les grands systèmes religieux qui ont guidé l’humanité pendant des milliers d’années peuvent être considérés comme les étapes d’une seule religion qui a été renouvelée d’âge en âge, évoluant au fur et à mesure que l’humanité passait d’une étape de son développement collectif à une autre. La religion est un système de connaissances et de pratiques qui, conjointement avec la science, a fait progresser la civilisation tout au long de l’histoire.
Aujourd’hui, la religion ne peut pas être exactement ce qu’elle était à une époque antérieure. Une grande partie de ce que l’on considère comme la religion dans le monde contemporain doit, selon les bahá’ís, être réexaminée à la lumière des vérités fondamentales énoncées par Bahá’u’lláh : l’unicité de Dieu, l’unité de la religion et l’unité de la famille humaine.
Souviens-toi toujours que, dans ce monde de l’existence, toutes choses doivent sans cesse être renouvelées. Regarde comme le monde matériel autour de toi a été renouvelé. Les idées ont changé, les modes de vie ont été révisés, les sciences et les arts font preuve d’une vigueur nouvelle ; il y a des découvertes, des inventions, des perceptions nouvelles. Comment, dans ces conditions, un pouvoir vital tel que la religion - qui garantit les progrès de l’humanité, qui permet d’atteindre à la vie éternelle, qui est le promoteur de l’excellence infinie, la lumière de deux mondes - comment pourrait-il ne pas être renouvelé ?
(‘Abdu’l-Bahá, Sélections d’écrits de ‘Abdu’l-Bahá, p. 44)
Bahá’u’lláh a établi une norme sans compromis : si la religion devient une source de scission, de désunion ou de désaccord – pire encore, de violence et de terreur –, il est préférable de s’en passer. Le critère de la vraie religion, ce sont ses fruits. La religion devrait notablement édifier l’humanité, créer l’unité, forger un bon caractère, promouvoir la recherche de la vérité, libérer la conscience humaine, faire progresser la justice sociale et favoriser l’amélioration du monde. La vraie religion fournit les fondements moraux qui permettent d’harmoniser les relations entre les personnes, les communautés et les institutions dans des contextes sociaux divers et complexes. Elle encourage la droiture et inspire la tolérance, la compassion, le pardon, la magnanimité et l’élévation morale. Elle interdit de causer préjudice à quiconque et invite les âmes au don de soi pour le bien d’autrui. Elle confère une vision universelle du monde et purifie le cœur de tout égocentrisme et de tout préjugé. Elle incite les âmes à contribuer au mieux-être matériel et spirituel de tous, à chercher leur propre bonheur dans celui d’autrui, à faire progresser les connaissances et la science, à être des instruments de joie véritable et à redonner vie au corps de l’humanité.
La religion reconnaît que la vérité est une, et c’est pourquoi elle doit s’accorder avec la science. Lorsqu’on comprend qu’elles sont complémentaires, la science et la religion fournissent aux gens des moyens puissants pour mieux comprendre la réalité et façonner le monde autour d’eux, et chaque système gagne à être justement influencé par l’autre. La science, lorsqu’elle est privée de la perspective religieuse, peut devenir vulnérable au matérialisme dogmatique. Dépourvue de science, la religion risque de sombrer dans la superstition et l’imitation aveugle du passé. Les enseignements bahá’ís déclarent :
Conformez toutes vos croyances à la science. Il ne peut exister d’opposition, puisque la vérité est une. Quand la religion délivrée de ses superstitions, de ses traditions et de ses dogmes inintelligibles, se trouvera en conformité avec la science, alors une grande force d’union et d’assainissement paraîtra dans le monde. Cette force détruira toutes les guerres, les conflits, les luttes et les discordes, et l’humanité sera unie dans la puissance de l’amour de Dieu.
(‘Abdu’l-Bahá, Les causeries de ‘Abdu’l-Bahá à Paris, p. 128)
La véritable religion transforme le cœur humain et contribue à la transformation de la société. Elle apporte des enseignements sur la véritable nature de l’humanité et les principes qui peuvent aider à faire progresser la civilisation. En ce moment crucial de l’histoire de l’humanité, le principe spirituel fondamental de notre époque est l’unité du genre humain. Cet énoncé simple stipule une vérité profonde qui, une fois acceptée, invalide toutes les anciennes notions de supériorité d’une quelconque ethnie ou nationalité. Cet énoncé est plus qu’un simple appel au respect mutuel et à une attitude bienveillante, si importants soient-ils, entre les différents peuples du monde. Dans son aboutissement logique, il implique un changement interne dans la structure même de la société et dans les relations qui la soutiennent.